Qu'appelle-t-on mode éthique ? On vous dit tout
Up-cycling, production locale, éco-conception, coton bio… plein de termes en vogue qui reviennent lorsque qu'on parle de mode éthique et il n’est pas simple de s’y retrouver. On préfère vous le dire tout de suite, il n'y a pas de solution miracle mais on avance dans le bon sens ! Cet article est là pour vous présenter les différentes facettes de la mode éthique et vous aider à vous faire votre propre avis.
Alors, qu'appelle-t-on mode éthique ?
La mode éthique, une rencontre de différentes pratiques, façons de faire...
La mode éthique n'a pas une seule définition, c'est plutôt un grand thème dans lequel on retrouve différentes pratiques et façons de faire. On l'appelle aussi mode durable, mode éco-responsable, conscious fashion ou encore slow-fashion.
Mais alors, pourquoi ? Depuis une trentaine d'années les process de conception et de fabrication dans l'univers de la mode se sont diversifiés et aussi complexifiés c'est pourquoi (et c'est regrettable) aujourd'hui la plupart des grandes marques de mode ne connaissent pas et donc ne peuvent maitriser l'ensemble de leur chaine de production. La fabrication d'un vêtement, d'un accessoire, d'une chaussure, d'un accessoire est devenue si complexe qu'elle en devient presque intraçable (sauf quand on fait les efforts pour ;) ). La mode est un univers ou l'effet papillon est omniprésent, chaque décision prise peut avoir un impact insoupçonné à l'autre bout de la planète. La mode est un univers complexe, la mode éthique encore plus...
Face à cette incroyable complexité, une solution globale est aujourd'hui utopique, le changement passera par des milliers de solutions locales, chaque initiative est bonne à prendre.
Les entrepreneurs, acteurs de la mode éthique, font aujourd'hui preuve d'ingéniosité et d'innovation pour faire bouger les lignes, pour apporter leurs solutions. Celles-ci, parfois incompatibles, parfois complémentaires, ont en tout cas un but commun, celui d'une mode respectueuse de l'Homme et de l'environnement.
Quelles sont quelques-unes de ces solutions ?
Le textile dans la mode éthique
Pas de vêtement sans matière. Le tissu est la base de tout et les approches sont variées, c'est options peuvent se cumuler ou pas suivant le type de vêtement.
Les Fibres Naturelles, c'est à dire non synthétiques? Ce sont la laine, la soie, le lin, le coton ou encore le cashemire... Cependant, il faut bien noter que même si elles sont naturelles, leur production intensive peut avoir un impact (fort) sur l'environnement. L'exemple le plus représentatif est le coton qui à lui seul représentent 1/4 de l'utilisation des pesticides de la planète (!). Malgré tout, ces fibres ont la force de ne pas utiliser de pétrole dans leur processus de fabrication, d'être les meilleures pour la santé de l'Homme et de ne pas participer à la pollution plastique des océans. Certaines sont très peu polluantes, c'est le cas du lin ou encore du chanvre qui nécessitent peu d'eau et d'intrants.
Les Fibres Bio, ce sont des fibres naturelles cultivées via l'agriculture biologique exclusivement. Cela est particulièrement vrai pour le coton qui est très polluant si cultivé de manière conventionnelle. Plusieurs labels existent pour assurer la production bio d'un textile, GOTS et Oeko-Tex bien sur mais aussi Natur Textil, Demeter... Bien souvent la production en agriculture biologique implique de meilleures conditions pour les travailleurs mais ce n'est pas tout le temps le cas donc à bien noter. À l'inverse, le label Max Havelaar garantit à coup sur des conditions de travail impeccables pour les travailleurs du coton et est très souvent associé à une production biologique, il est donc à privilégier.
Les Fibres recyclées, elles sont la source de nombreuses innovations. Le concept ici est de récupérer des textiles, matières très usagés et de défaire les fils pour en faire de nouveaux. Cela parait simple mais ça ne l'est pas vraiment ! Le rêve dans tout ça ? Parvenir à monter une économie circulaire où chaque matière peut ressusciter et donne vie à une autre matière. Malheureusement, aujourd'hui, les fibres recyclées sont encore limitées par des contraintes techniques, il n'est pas encore possible de faire du fil à 100% recyclé, il est obligatoire d'y associer des fibres synthétiques pour garantir la durabilité/ la solidité de la matière dans le temps, un processus d'ailleurs gourmand en énergie et en eau.
Les Tissus Up-cyclés, diffèrent des fibres recyclées. Les tissus up-cyclés ne sont pas issus d'un travail de décomposition puis de recomposition de la matière. Ils sont pris en l'état et trouvent une deuxième vie à travers une autre utilisation. L'avantage est qu'il y a 0 matière créée. Des marques d'up-cycling voient de plus en le jour dans un objectif de stylisation et d'optimisation de la seconde main, c'est le cas par exemple de RESAP PARIS qui est en train de faire bouger les codes de l'up-cycling. L'inconvénient de ce processus est la traçabilité des tissus, très difficile à faire.
Les Fibres Chimiques, présentées comme étant au top de l'éco-conception, car fabriquées à partir de matières renouvelables comme le bois ou le bambou... On peut par exemple citer la Viscose, la Rayonne, le Tencel, ...Cependant, attention à bien garder son esprit critique sur ces matières. En effet, la transformation du bois est par exemple un processus demandant énormément de ressources en eau. Le Bambou, lui, demande pour sa transformation l'emploi de nombreux composés chimiques et d'énergie. La valeur écologique de la matière dépendra donc de l'usine dans laquelle elle est produite. C'est d'ailleurs un point important de la mode éthique. Aujourd'hui, bien souvent, l'usine de production est responsable pour 70 à 80 % de l'empreinte carbone de la matière, son choix est donc déterminant. Si celle-ci est responsable et récupère ses eaux usées, recycle ses déchets, ne rejette pas de polluants, utilise des énergies renouvelables ou du moins optimisées, alors le tissu qui en résulte peut être considéré comme vert. Mais malheureusement c’est loin d’être le cas de toutes les usines de fibres chimiques… La traçabilité est donc particulièrement importante pour juger de la qualité de ces matières.
Les Tissus Vegan, évitent toutes sortes de matières premières animales c'est à dire par exemple le cuir (c'est le cas de MEEKO), la laine ou encore la fourrure. De grandes enseignes comme La Redoute font aujourd'hui le choix de bannir une ou plusieurs de ces matières.
La production et la mode éthique
La mode éthique à travers le prisme de la production se reflète dans plusieurs concepts :
La production équitable ou éthique, c'est probablement l'impact négatif le plus connu de la mode grâce ou à cause de scandales comme celui de l'effondrement de l'usine Nike au Bangladesh en 2013 ou plus récemment le scandale des Ouïghours en Chine. L'industrie textile est en effet un des secteurs les plus pourvoyeurs d'emploi au monde avec près de 80 millions d'emplois, elle a donc un rôle à jouer de premier plan dans la qualité de vie au travail. Or, la majorité des emplois sont encore aujourd'hui mal-payés, physiquement difficiles, dévalorisés, aux conditions de sécurité déplorables et n’offrant aucune perspective de développement. C'est pourquoi la production équitable répond aujourd'hui à ces problématiques en garantissant de respecter des standards de normes de travail. Les normes minimum à appliquer sont celles de l’Organisation International du Travail. D’autres organisations ont publié des standards de travail équitable plus ambitieux comme WFTO (World Fair Trade Organisation) et Fairtrade/Max Havelaar.
Le Made in Local, qui a le vent dans le dos en ce moment ! Le Made in Local, très souvent aujourd'hui associé au Made in France fait face à la difficulté de trouver les fournisseurs et les savoir-faire adéquats dans l'hexagone. Il se transforme suivant les produits en Made in Europe (c'est le cas de MEEKO qui trouve son savoir faire dans la sneaker dans la région de Porto, au Portugal). C'est la garantie, ou presque, de remplir des standards d'éthique de travail, car cela est contrôlé au niveau Européen à Bruxelles. L’intérêt du Made In Local est de rééquilibrer la balance et de relocaliser certaines activités industrielles dans nos pays consommateurs. Cela permet de recréer des emplois locaux et de limiter les émissions polluantes liées au transport.
Les teintures naturelles ou encore non toxiques. À l'origine les teintures étaient réalisées à base de plantes. Aujourd'hui, ce savoir faire a été très largement remplacé par la chimie qui rend la chose plus facile, plus scalable, moins chères et donne des couleurs éclatantes et résistantes aux lavages en machine. Parfait donc non ? Pas vraiment, car ses principaux inconvénients ont été négligés : une grosse pollution notamment des eaux et des effets sur la santé humaine encore assez peu certains. C'est pourquoi on privilégiera aujourd'hui des teintures non toxiques (Oeko Tex) ou des teintures naturelles quand cela est possible.
La mode éthique répond à des approches transversales
L'Éco-conception : l’éco-conception est la démarche de recourir aussi peu que possible aux ressources non renouvelables en leur préférant l’utilisation de ressources renouvelables […] associées à une valorisation des déchets qui favorise le réemploi, la réparation et le recyclage (ADEME). L’éco-conception prend en compte les impacts sociaux-environnementaux tout au long du cycle de vie du produit et essaye de les minimiser. Il est question d’optimiser chaque aspect de la conception au recyclage, en passant bien sûr par la fabrication. Les solutions sont diverses et variées, elles dépendent du produit et de sa chaîne de production. Dans le cas des chaussures, on essayera de limiter les déchets liés au multi-matières, à la semelle, ..., de les réutiliser, d’utiliser des textiles recyclés ou innovants (cuir de pomme, de raisin, d'ananas, qui en général ont 20 à 40% de "part du fruit"), de limiter le transport, ...
La Transparence : elle est clé, pour 2 raisons, éviter les dérives citées plus haut du secteur de la mode mais aussi (et surtout) redonner confiance au consommateur dans les marques qu'il achète. Il est aujourd'hui très facile pour le consommateur de se perdre au milieu des dizaines de discours marketing autour du "Greenwashing" et il est très dur pour un utilisateur non averti de démêler le vrai du faux.
Slow Fashion = Qualité : prendre le temps de développer un produit est un gage pour le consommateur de durabilité de celui-ci. Il faut aujourd'hui éduquer le consommateur à avoir une consommation responsable (difficile à l'heure des SHEIN ou Boohoo qui cartonnent) et privilégier des vêtements et chaussures un peu plus chères (au juste prix) mais de qualité certaine et durables dans le temps.
Consommer moins : cela rejoint le point ci-dessus. On tient à rappeler que l'acte le plus éco-responsable que vous pouvez faire et d'acheter moins souvent. La chaussure la plus propre est celle qui n'est pas produite (!). C'est pourquoi chez MEEKO on s'engage à produire les baskets les plus éco-responsables / durables possibles sans mettre en péril le style.
Pour conclure, on espère que cet article vous aura permis de mieux comprendre les tenants et les aboutissants de ce qu'on appelle vulgairement la mode éthique (on devrait l'appeler la mode, la vraie, tout simplement). Le sujet est compliqué mais c'est ce qui nous passionne justement, nous pouvons tous dans notre consommation être acteur d'un changement durable au niveau macro de la planète, sans mettre en péril notre style au niveau micro bien évidemment !