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La Sumatra Rainforest Institute (SRI)

Sumatra Rainforest Institute

Présentation

Sumatra est une île volcanique Indonésienne, la plus à l’Ouest du pays. L’île est gigantesque (un peu plus petite que la France) et difficile d’accès, ses routes peinant à se frayer un chemin parmi les nombreux reliefs de l’île. Sumatra abrite l’une des dernières forêts primaires au monde, riche d’une faune et d’une flore exceptionnelles. L’orang-outan de Sumatra (réparti en deux sous espèces), le tigre de Sumatra, l’éléphant de Sumatra et le rhinocéros de Sumatra sont autant d’espèces endémiques en danger critique d’extinction.

Son littoral est tout aussi riche avec de nombreux coraux et d’espèces sous-marines dont certaines sont également fortement menacées (notamment la tortue de mer). Sumatra est un symbole de la magnifique biodiversité de notre planète malheureusement menacée par l’Homme. L’île est encore bien épargnée par le tourisme de masse et ses méfaits et certains parcs nationaux sont protégés.

Malgré tout la majeure partie des espaces naturels sont encore fortement impactés par des fléaux liés à l’activité humaine : déforestation légale ou illégale (culture d’huile de palme, forage et extraction d’or), braconnage (notamment pour la médecine chinoise ou pour le marché illégal d’animaux de compagnie exotiques), conflits avec les populations locales (attaques de tigre ou destruction des plantations par les singes ou les éléphants), gestion des déchets (notamment du plastique qui est une catastrophe écologique là-bas). Le décor est planté, maintenant on peut vous présenter la SRI. 
  
La Sumatra Rainforest Institute (SRI) est une ONG Indonésienne âgée de 8 ans, basée à Sumatra. Il s’agit d’une petite ONG locale comptant une vingtaine de salariés et disposant de bureaux à Medan (principale ville en Sumatra du Nord) et à Padang Sidempuan (ville paumée mais semblant être un carrefour économique de la région). 
Son directeur Rado (on vous épargne le prénom en langue locale) est un indonésien pure souche d’une quarantaine d’années, diplômé d’un master en biologie et investit depuis toujours dans la protection des ressources naturelles de son île. Il démarre sa carrière dans des ONG internationales auprès desquelles il apprend le métier et découvre les rouages de ces structures. Si le travail de recherche et de sensibilisation est indispensable (et très bien réalisé par ces ONG), Rado déplore le manque d’actions concrètes sur le terrain et le manque de considération des populations locales qui sont pourtant celles entretenant le plus de rapports (positifs ou négatifs) avec la forêt. Partant de ce constat et voyant la situation se dégrader, il décide de créer la SRI dont la principale mission est donc la protection et la conservation de cette forêt primaire. 
  
La grande superficie de l’île et les faibles moyens financiers de la SRI limitent malheureusement Rado et son équipe qui ne peuvent couvrir que trois régions de la province de Sumatra du Nord (les régions de Tapanuli du Nord, du Centre et du Sud), qui représentent malgré tout 375 000 hectares. Cette zone abrite notamment l’orang-outan de Tapanuli (moins de 800 individus), le tigre de Sumatra, le pangolin et la tortue hawkbill.

Les éléphants se trouvent d’avantage au Sud de l’île ou dans la province d’Aceh (la plus au Nord), tout comme les quelques rhinocéros restants dont la localisation exacte est tenue secrète par le gouvernement pour les protéger du braconnage. La SRI projette de couvrir la province d’Aceh dès lors qu’elle aura des moyens plus importants. Afin de pouvoir développer ses projets, Rado nous explique qu’il a une stratégie à deux niveaux : proposer des petits projets locaux et obtenir des subventions auprès du gouvernement ou via des partenariats avec des entreprises éco-responsables locales + solliciter des donateurs internationaux. L’an passé la SRI a pu investir l’équivalent de $200K pour mener à bien ses différents projets. Les aides reçues peuvent être financières, humaines (volontariat) ou matérielles. Afin de pérenniser les projets lorsque les fonds dédiés sont épuisés, la SRI cultive systématiquement des petits plans de café ou de durian (fruit local assez onéreux) autour des zones qu’elle protège. La vente permet de garantir une source de revenus suffisante pour faire perdurer le projet. Aujourd’hui l’activité de la SRI se divise en 4 champs principaux : la restauration et reforestation de la forêt / la protection et conservation des espèces menacées / l’éducation et la sensibilisation des populations locales / la politique. Ces sujets sont évidemment étroitement liés.

Le fléau de la déforestation

La déforestation résultant de l’activité de l’homme est l’un des principaux fléaux de l’île. Si le business de l’huile de palme est pointé du doigt depuis l’Europe, il sévit principalement sur l’île de Bornéo et non à Sumatra dont les importants reliefs ne permettent pas sa culture. Ici c’est l’or qui justifie que l’on coupe des centaines d’hectares de forêt. Le problème vient principalement des grosses sociétés locales ou étrangères qui investissent dans la région. Certains agriculteurs revendiquent également des terres non protégées pour y cultiver du café, du cacao, ou tout autre denrée qui leur permettra de vivre mais il s’agit là d’une infime partie de la déforestation qui frappe l’île. C’est l’un des principaux sujets à adresser pour la SRI, soit via des projets directement initiés par l’ONG, soit via des partenariats. Rado nous explique avoir été récemment mandaté par une société géothermique sino-indonésienne dans le cadre d’une loi gouvernementale l’obligeant à replanter une surface équivalente à celle requise pour la construction de leur centrale. Au-delà de cette obligation légale, cette société est engagée dans la protection de la forêt qui leur fourni la ressource naturelle nécessaire à leur activité. Les sources d’eau chaude leur permettent de fournir une grande partie de l’île en énergie verte. Après étude du profil de la société, la SRI a accepté de collaborer avec eux et de mettre en place ce projet de reforestation. En arrivant sur le site, on est saisi par le contraste entre la centrale et la forêt qui l’entoure, c’est difficile d’imaginer que les deux peuvent cohabiter avec respect. Mais c’est le cas. Re-créer un tel écosystème est bien plus complexe qu’il n’y parait, il ne suffit pas de replanter des arbres là ou il y a de la place. La SRI doit d’abord travailler sur la restauration, c’est-à-dire étudier les caractéristiques de la forêt (la répartition de sa faune et sa flore, sa diversité, son sol) avant de faire grandir des échantillons dans une serre en les préparant aux caractéristiques nouvelles de leur futur sol. Ce travail prend plusieurs mois et nécessite des phases de test avant de pouvoir procéder à la mise en terre des « bébés plante ». S’il n’y pas d’erreurs et que les conditions optimales sont réunies, cela prendra une dizaine d’années pour avoir un début de forêt tropicale, sa faune et sa flore. La SRI travaille actuellement sur 25 blocs d’un hectare chacun avec cette société. Rado nous explique que ce genre de projet est beaucoup plus simple à mettre en place avec des sociétés étrangères sur lesquelles le gouvernement arrive à mettre pression plutôt que sur des sociétés indonésiennes qui font jouer leurs relations politique pour contourner leurs obligations écologiques.

La conservation des espèces menacées

L’autre grand champ d’action de la SRI concerne la conservation des espèces menacées de la forêt. La communication est principalement axée sur les espèces comme le tigre, l’orang-outan, l’éléphant ou le rhinocéros, plus populaires auprès du grand public et donc plus à même de générer de l’empathie (et par conséquent des dons). On qualifie ces espèces de « umbrella species » car les protéger revient à protéger l’ensemble de la faune de la forêt. Agir en faveur de l’orang-outan aura par exemple un impact sur le pangolin ou les autres espèces de singes moins connues. 

Lorsqu’une espèce est identifiée comme menacée, la SRI procède à une enquête préliminaire de recherche afin d’identifier les causes du danger, les zones à risques ainsi que pour récolter de nombreuses data. Ce travail prend plusieurs mois et permet de monter un dossier étayé de données pour obtenir des fonds. Il permettra par la suite de mettre en place un plan d’action pertinent en fonction des menaces. 

On a parlé plus haut de la déforestation, les deux autres principales menaces sont le braconnage (pour usage commercial) et la chasse par les populations locales (principalement en mesure de répression). Beaucoup d’espèces sont illégalement tuées ou capturées pour de la revente au marché noir, avec des usages bien différents (médecine chinoise en majorité mais aussi trophée de chasse ou domestication). Pour prévenir ce danger, il est nécessaire d’installer des postes de surveillance dans les zones où les animaux sont les plus vulnérables (accès facile pour l’homme) ainsi que la mise en place de patrouilles de rangers régulières qui dissuadent les chasseurs et retirent les pièges. C’est la manière choisie par la SRI pour limiter le risque de braconnage dans la région de Tapanuli. Certaines ONG comme la WCS préfère l’infiltration en se faisant passer pour des acheteurs au marché noir avant d’épingler les vendeurs et tenter de remonter les réseaux. L’abattage d’animaux sauvages par les populations locales est également un vrai problème. La cohabitation avec l’animal est souvent très compliquée, comme nous pouvons l’observer en France avec les loups ou les ours. Le conflit peut venir du fait que certaines espèces (éléphants, orang-outans, etc.) sont susceptibles de détruire involontairement des plantations, bien souvent unique source de revenus pour les habitants proches de la forêt. Les agriculteurs n’hésitent alors pas à sortir le fusil et à abattre les animaux en question (il y a un an, Rado et son équipe ont tenté de sauver un orang-outan criblé de 40 balles, en vain…). 

 
Lorsque qu’il trouve un animal blessé, la SRI contacte une ONG partenaire disposant de l’équipement médical d’urgence nécessaire à son rapatriement au centre le plus proche (souvent situé à Medan). Le tigre pose un tout autre problème. Lorsque sa nourriture habituelle manque (les hommes chassant le cochon sauvage et la biche), il peut s’aventurer dans les villages et tuer un homme. Cela arrive plusieurs fois par an et lorsque c’est le cas, les habitants sont autorisés à tuer l’animal car « un tigre qui goûte à la chair humaine tuera à nouveau, c’est certain ». Là encore des postes de surveillance installés dans les « hot spots » (là où le tigre est susceptible de sortir de la forêt) sont efficaces pour prévenir la rencontre entre l’homme et l’animal. Dans le cas contraire des moyens efficaces existent pour résoudre le conflit sans le tuer. La SRI fournit par exemple des canons dont le son violent fait fuir la bête. Des habitants sont également formés à l’utilisation de fusils hypodermiques pour pouvoir l’endormir avant l’intervention des équipes de la SRI. Le programme de protection du tigre est récent pour la SRI. Si le dialogue avec les villages concernés et l’éducation sont déjà en cours, l’ONG cherche encore des fonds supplémentaires afin de pouvoir construire les postes de surveillance évoqués ci-dessus. Un programme similaire de protection et conservation des orang-outans existe depuis plusieurs années. Plus récemment, la SRI a démarré un nouveau projet afin de permettre la réunion de deux groupes d’orang-outans séparés par un village humain et menacés de consanguinité de par leur isolement. Après étude approfondie de la situation, il a été décidé de travailler sur la construction d’un couloir « naturel » traversant la rivière en amont du village afin de permettre à ces deux groupes de se mélanger. Au Nord-Ouest de la région, la SRI dispose d’une petite équipe accompagnée de volontaires afin de protéger les tortues marines notamment lors de la période de ponte où les bébés sont convoités par les braconniers en vue d’une revente. 

L’éducation et la sensibilisation des populations locales, et notamment des jeunes, est l’un des enjeux majeurs de l’ONG. En effet si sensibiliser le reste du monde est important, c’est les locaux qui vivent au plus prêt de la forêt et qui l’impactent directement. Dans ces régions, beaucoup d’enfants n’ont pas accès à l’école et finiront par cultiver du café, du cacao ou autre ressource exportable. Le fait que 90% de l’économie locale repose sur l’agriculture menace fortement la cohabitation pacifique avec la forêt en raison des conflits évoqués ci-dessus mais pas seulement. En effet pour cultiver ces espaces, il est très souvent nécessaire de raser une partie de la forêt et par conséquent de détruire tout son écosystème. Le problème est que beaucoup d’habitants ne réalisent pas la richesse résultant de la forêt qui les entoure. Ils n’ont par ailleurs aucune culture de l’économie et ne savent pas comment capitaliser sur le développement potentiel de l’éco-tourisme. L’enjeu est donc double : sensibiliser ces jeunes générations à la forêt, sa faune et sa flore, leurs donner envie de la respecter, de la protéger, ainsi que de leur enseigner les clés pour pouvoir profiter de ses richesses en mettant en place de l’éco-tourisme. C’est un chantier énorme tant les villages sont nombreux et la SRI peine à toucher l’ensemble de la population concernée. Ils ont pour le moment choisi de cibler un « influenceur » dans chaque village, une personne susceptible de pouvoir toucher un maximum de personnes (adultes et enfants) autour de lui et de les sensibiliser à ces enjeux. Concernant l’apprentissage du commerce, cela s’avère encore plus compliqué. Ce qui nous parait évident ou logique ne l’est pas du tout pour les jeunes adultes. Ils en maîtrisent pourtant les bases pour vendre leurs récoltes diverses mais ne savent pas appliquer ces principes à d’autres « marchés ». Les jeunes ayant rapidement besoin de gagner un peu d’argent et n’ayant que peu d’éducation, ils s’ont incapables de prendre le risque de monter une entreprise quelle qu’elle soit. Rado nous expliquait que pour ce faire il faudrait qu’une structure les emploie et les rémunère dans un premier temps et que son succès rassure les jeunes travailleurs qui seraient alors plus à même de se lancer dans leur propre aventure. Nous pensons par ailleurs qu’une bonne maîtrise des bases du commerce leurs donnerait davantage de confiance pour cela. Evidemment lorsque l’on parle ici de business, il s’agit d’éco-business toujours dans le respect de la forêt, ce qui nous ramène à la sensibilisation, la boucle est bouclée.

Un engagement politique inévitable

Rado est également très impliqué dans la vie politique de la région. Il est membre du parti « jaune », actuellement au pouvoir et qui dispose d’une certaine sensibilité écologique, opposé au parti communiste. Il est évidemment beaucoup plus facile de mettre en place des projets locaux lorsque l’on a l’appui du gouvernement. Par ailleurs, on l’a vu ci-dessus, ces problématiques environnementales sont en lien direct avec l’éducation et l’économie de la région. Rado souhaite donc prendre parti à l’ensemble des discussions sur ces sujets afin qu’elles aillent dans le sens de la forêt.

A un niveau national, l’enjeu de la SRI et des différentes ONG de la région est de faire déclarer la forêt comme Parc National Protégé, au même titre que son voisin le Gunung Leiser National Park dans la province d’Aceh. Les implications seraient nombreuses : interdiction de chasser dans la forêt, équipes gouvernementales de protection, aides financières, facilité globale pour développer de l’éco-tourisme et donc développer l’économie locale en formant des guides locaux, des éco-lodges, des restaurants, des boutiques de souvenirs, etc. Les conflits d’intérêt avec les entreprises exploitant la forêt sont si nombreux que les discussions avec le gouvernement sont au ralenti. Cela a pris plus de 10 ans pour que le parc du Gunung Leiser soit déclaré protégé. En attendant Rado et son équipe ne peuvent compter que sur leur travail pour enrayer les menaces qui pèsent sur la forêt.

Quel engagement pour MEEKO ?

Nous avons passé plusieurs jours auprès de l’équipe de la SRI qui nous auront permis de mieux comprendre comment travaille une ONG de cette taille sur le terrain. On se rend bien compte que toutes les problématiques sont liées mais que pour traiter ces sujets en amont (et non en réaction) un appui politique est indispensable. On se conforte dans l’idée que « business » n’est pas un gros mot et que dans bien des cas le développement de l’éco-tourisme apparaît comme l’une des meilleures solutions pour permettre aux populations locales de vivre en cohabitant avec la forêt. On s’est également aperçu que la SRI (comme beaucoup de petites structures locales) était bien loin du monde des médias, des contenus travaillés qui donnent envie d’appartenir à une communauté.

Aujourd’hui maîtriser les réseaux sociaux et être capable de mettre en forme ses projets de manière attractive est primordial pour toucher le grand public et, indirectement, récolter davantage de moyens (humains et/ou financier). Nous sommes convaincus que le travail de la SRI, s’il bénéficiait de davantage de visibilité en France, rencontrerait beaucoup de « succès ».

Au-delà de verser une partie de notre CA à la SRI, nous voulons donner envie à la communauté de MEEKO de donner de son temps pour aider la SRI à se développer via des projets très variés qui feront appel à toutes les compétences : refonte des réseaux sociaux, du site, de l’identité graphique, traduction, audit financier, création de contenus de sensibilisation pour les enfants des villages locaux, réflexion sur les opportunités de business alternatif liés à l’éco-tourisme, etc. De cette manière nous espérons pouvoir consolider le travail de la SRI dans la région de Tapanuli et faciliter son développement sur une zone plus importante de l’île.